| Le
                      Pont du Sauvage
                       
                        
                          | Date
                            : 18 Novembre 1944 |  
                          | Lieu
                            des faits : Le Ban-Saint-Martin &
                            Longeville-lès-Metz, France |  
                          | Unité
                            présente : Company "I", 378th Inf.
                            Reg. |   
 The
                      Battles of George S. Patton's Lowest Ranks - Fourth
                      Edition.
                         Le 3rd
                      battalion du 378th infantry regiment est la
                      seule unité disponible pour prendre le principal pont
                      routier allant de Longeville jusqu'à l'île saint
                      symphorien. Avec quelques tanks de soutien, la compagnie
                      de tête tente de repousser une petite force allemande
                      gardant l'extrémité occidentale. C'est le pont que
                      Kittel avait ordonné de garder intact jusqu'à la dernière
                      minute. Une section de la I company charge immédiatement
                      pour le traverser mais les allemands le font sauter, tuant
                      les hommes qui sont déjà dessus et laissant trois hommes
                      arrivés sur l'autre rive. Le lieutenant crawford, un des
                      chefs de la company, avait alors agit courageusement: il
                      avait trouvé un petit bateau, et, sous un feu violent, il
                      a pagayé en traversant la rivière pour récupérer les
                      hommes qui s'étaient trouvés aussi soudainement isolés.
                      Voici son témoignage de toute l'opération :  La I
                      / 378 à l'assaut du Pont du Sauvage, raconté par le
                      Capitaine Charles D. Crawford, commandant de l'opération. Company "I",
                      378th Infantry Regiment.
 
                      « Hardgrave
                      (commandant de la company) revient du PC du battalion vers
                      23h00, le 17 novembre avec des ordres pour le départ de
                      la company à l'aube et la
                      prise du pont principal partant de Longeville jusqu'à l'île
                      Saint-Symphorien. Longeville et l'île sont une partie de
                      la cité de Metz. Selon les ordre de Hardgrave, je devais
                      mener la company avec la troisième section avec pour
                      mission de prendre le pont. Il me fournit une section de
                      tanks.    La distance
                      jusqu'au pont est d'un peu moins de 3000 mètres à
                      travers un secteur industriel avec un réseau dense de
                      propriétés résidentielles. De là, le problème
                      particulier de maintenir la route de progression aussi
                      simple que possible pour réduire le nombre de routes et
                      de coins de rues au strict minimum, si des ordres arrivent
                      de parvenir au pont, sans se perdre. Mais nous ne pourrons
                      suivre le plan à cause de l'obscurité.
                      La 3rd section, avec des tanks, part à l'heure prévue.
                      Le reste de la company suit. Tout se passe bien avec la
                      marche dans l'obscurité jusqu'à ce que nous atteignons
                      le dernier tournant, alors que les tanks continuent tout
                      Droit. Les tankistes n'aiment pas avancer à travers des
                      zones bâties avec leurs tourelles ouvertes, ils s'étaient
                      ainsi enfermés. Malgré tous nos efforts pour attirer
                      leur attention, le grondement du moteur des engins et le
                      cliquetis des chenilles étouffent nos tentatives. Je
                      rappelle mes hommes et nous continuons sur la route prévue.
                      Le chef de la section de tanks ne sera pas content quand
                      il saura qu'il se trouvait dans une zone résidentielle
                      sans protection d'infanterie. L'aube approche rapidement
                      et j'espère que nous serons au pont avant le jour, mais
                      ce ne sera pas le cas. Nous arrivons en bloc sous le pont,
                      sur le boulevard parallèle à la moselle. 
                      
                         
                      Entre le boulevard et la rivière, les allemands
                      ont placé des charges explosives sur une rangée
                      d'arbres. En m'approchant des arbres, j'aperçois que les
                      fils entre les charges ont été coupés. Les habitants de
                      ce secteur ont prit cette mesure pour sauver les arbres.
                      J'espère qu'ils ont fait la même chose pour le pont.
                      Celui-ci est clairement visible et les allemands ne le défendent
                      pas. C'est une surprise car je m'attendais initialement à
                      ce que ce pont soit solidement défendu. Et ensuite, ils
                      se seraient repliés sur le pont, pour occuper des
                      positions préalablement préparées pour une défense
                      plus déterminées. Le pont est d'environ 80 mètres de
                      long avec une approche très étroite et sinueuse. Le
                      tournant dans l'approche est causé par la courte distance
                      du pont au boulevard et du fait qu'il faut gagner une élévation
                      d'environ 4 mètres jusqu'au niveau du pont. 
                        
                          |  
                            Quand nous commençons notre approche, nous devons
                            marcher autour d'une douzaine de mines antichars éparpillées
                            sur la rampe sinueuse. A cet instant, nous n'avons
                            encore reçu aucun tir ennemi. L'ordre est de le
                            franchir au pas de course. Le platoon du sergeant
                            Bakken est avec l'équipe de tête. Quand cette équipe
                            atteint l'extrémité de la rive ennemie du pont,
                            les allemands ouvrent un tir précis sur le pont
                            avec une mitrailleuse. Le premier homme à atteindre
                            le côté ennemi et tué instantanément par la
                            première rafale. En quelques secondes, le pont est
                            couvert par des tirs intenses, principalement des
                            balles traçantes depuis des immeubles situés à
                            environ 80 mètres du pont. Les charges de 
                            démolition sont là et le pont explose, coupé en
                            deux et s'effondrant dans la rivière.
                            
                              |  |  
                          | Ci-dessus :
                            Joe Messina, tué au combat alors que son
                            unité investit le pont lors de l’explosion. Photo
                            de la I / 378, Richard D. Hunton. |    
                      Je me trouve sur la première travée du pont avec
                      la 3e équipe de la section quand le pont
                      explose. Nous faisons immédiatement demi-tour et fonçons
                      hors du pont, plongeant par-dessus la rambarde jusqu'à la
                      rampe d'accès. Aucun de nous est blessé. Une balle a
                      touché le talon de mon soulier Droit, mais pas plus. 15
                      très bons soldats sont morts sur ce pont.
                      Quand le pont a explosé, le sergeant Bakken et deux
                      autres hommes étaient arrivés sur l'autre rive. 
                        
                          |  | A
                            gauche : Trois hommes de la I Company du
                            378th Infantry Regiment (De
                            gauche à droite) : James O. Beerman, Franklin
                            Heft, et Walter Hazlett. Beerman
                            et Heft seront tués lors de l’explosion du pont
                            à Longevilles-lès-Metz. The
                            Battles of George S. Patton's Lowest Ranks - Fourth
                            Edition. |   
                      Simultanément, à l'explosion du pont, les allemands ont
                      tiré sur nous avec un canon de 20mm depuis un champ se
                      trouvant à 250 mètres de notre gauche, sur l'île. C'est
                      une arme anti-aérienne qui peut être utilisée dans le
                      combat d'infanterie. Les obus passent au-dessus de nous,
                      certains explosant comme des feux d'artifice chinois,
                      causant très peu de mal mais nous troublant quelque peu
                      car nous n'avons pas l'habitude de l'usage de telles armes
                      dans le combat d'infanterie.  
                      Nous revenons vite de notre surprise et les tirs
                      continuent de passer au-dessus de nos têtes, "mâchonnant"
                      les immeubles se trouvant derrière nous. Le lieutnant
                      Bill Harrigan, le chef de la première section, et moi,
                      nous obtenons un fusil mitrailleur, amené de l'arrière,
                      nous rampons sur la rampe du pont et nous prenons le canon
                      de 20mm sous notre tir. Notre tir neutralise le canon de
                      20mm et, soudain, il y a un silence de mort. Nous avions
                      été si occupés que nous avions complètement oublié
                      les tanks qui s'étaient fourvoyés. Je les entends au
                      loin venant vers nous sur le boulevard. Je me mets à
                      faire le clown pour attirer l'attention du chef de la
                      section de tanks et lui indique d'avancer sur la rampe
                      d'accès et de prendre sous son feu les immeubles d'où
                      sont partis les tirs de la mitrailleuse. 
                      
                        
                      Alors qu'il commence à escalader la rampe, je me
                      rends compte que les mines anti-chars sont encore sur la
                      route. Je récupère rapidement deux hommes et nous les
                      balançons par-dessus la rambarde. Les tanks continuent
                      sur la rampe d'accès du pont et prennent les immeuble
                      sous leur feu. Il n'y a pas de répliques, c'est de
                      nouveau un silence soudain. A partir de maintenant, le
                      reste de la company est à côté des immeubles bordant le
                      boulevard. C'est alors que le lieutnant Charles Walsh me
                      dit que Hardgrave et quelques autres ont été blessés à
                      un croisement de rues peu après notre avance pour prendre
                      le pont. Alors que les informations arrivent en même
                      temps, nous apprenons qu'outre Hardgrave, neuf autres
                      hommes ont été blessés par des tirs d'artillerie
                      provenant des gros canons du fort Saint-Quentin situé
                      au-dessus de nous. Ce 18 novembre 1944, la I company a
                      subit les plus lourdes pertes de toute la guerre. »
                      
                        
                      Sur les 15 GI's tués sur le pont, certains ont
                      malheureusement été projetés dans la rivière lors de
                      l'explosion et le courant rapide les a emportés. Ils sont
                      toujours portés disparus à ce jour.
                       
                        
                          |  Les
                            ruines du pont Sauvage après les combats. |  
                          | Mes
                            remerciements à Richard E. Hunton et Charles D.
                            Crawford. Extrait issu du rapport de Crawford: 
                            "The Battle of Metz, Company "I"
                            378th Infantry, 95th Inf Division, November
                            1944" paru en 1990. |  |